La neige est blanche, évoque le froid,
l'hiver et le gel. Cependant, paradoxe incroyable, la chaleur qui
règne en ce moment sur les hauteurs alpines provoque une obsession
pour la fraîcheur absolument irrépressible. C'est pourquoi, comme
en plein été, le thé du jour sera un thé blanc rafraîchissant et
désaltérant, un Bai hao yin zhen de 2010.
Le thé blanc est traditionnellement
produit au Fujian, à Fuding ; mais on peut trouver des
tentatives de fabrication au Yunnan, et aussi à Darjeeling. Ces
essais se révèlent toutefois très éloignés des vrais thés
blancs de Fuding. Dans le processus traditionnel, le thé est
cueilli, flétri puis séché au soleil. Aucun roulage ou
torréfaction ne vient intervenir dans sa fabrication. Ce système
nécessite d'avoir une connaissance parfaite du climat ambiant car
les feuilles ne doivent pas être manipulées pour ne pas déclencher
d'oxydation. Si jamais la pluie se met à tomber, la récolte est
perdue. Pour ces raisons de soumission aux aléas du climat, les
producteurs de thé blanc font aujourd'hui sécher les feuilles dans
des pièces à atmosphère contrôlée pour limiter les risques.
Le Bai hao yin zhen est un thé qui
n'est composé que de bourgeons ; c'est le plus prestigieux
parmi les thés blancs. Contrairement aux idées reçues, ce n'est
pas un thé non-oxydé comme le thé vert, mais son oxydation est
très faible, et comme elle n'est pas provoquée (pas de roulage ou
de chocs), elle a lieu seulement en surface.
Feuiles sèches |
J'infuse au verre, en infusion libre, avec une eau à 75°C.
Les premiers parfums en nez mêlent
délicatement des élans de viennoiseries et de fruits secs ou
confit, avec un petite approche de fleurs estivales. En bouche les
parfums basculent vers les pâtisseries aux amandes, légèrement
vanillées, parsemés de fleurs séchées. Le goût, ample et doux,
comparable sous tout les aspects au goût du tilleul, représente le
degré zéro de l’astringence et révèle un sucre très fin, juste
en pointe de la langue. Il se posera légèrement, sans extravagance
derrière votre palais, et imposera un effet de fraîcheur latent,
semblable à celui de la verveine officinale.
Dans le verre |
Les impressions combinées de la
chaleur et de la neige rappellent celles du thé dans la bouche.
Ainsi, par ces 25°C, on se prend a effleurer la nappe de coton gelée
avec la main un peu comme si on mangeait un crème glacée du bout
des doigts. L'effet de surprise provoqué par ce paradoxe chaud/froid
étonnant, nous le retrouvons dans notre Bai hao yin zhen, qui
rassemble l'effet d' une pâtisserie encore tiède en hiver et celui
d'un diabolo menthe en été.
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