mardi 7 février 2012

Contradictions - Sencha Kumpu 2011



Même si ce n'est pas trop la saison, vu les courants d'air froids qui glacent notre contrée, nous allons nous pencher aujourd'hui sur le cas d'un thé vert japonais, digne représentant du genre, un sencha Kumpu, récolte de la 88ème nuit 2011 à Shizuoka. En principe, le thé vert est un thé rafraichissant, qu'il convient de boire au printemps lorsqu'il est tout frais ou en été, lorsqu'il fait chaud. Ce choix contradictoire exprime peut-être un besoin de chaleur au travers d'un désir de fraîcheur et de verdure, qui sait... Après tout le froid, ça va bien un temps.

  

Pour commencer, un peu d'histoire. Au XIIème siècle, des moines partis étudier en Chine ramenèrent la plante que l'on consommait à l'époque broyée puis mélangée à l'eau. De cette époque subsiste encore au Japon le matcha, la poudre de thé, résolument associé à la cérémonie japonaise du thé, le Chanoyu. Le Japon s'est ensuite fermé, et le temps suspendra son vol pendant près de 5 siècles. Alors qu'en Chine on développe de nouvelles techniques où l'on infuse le thé, il faudra au Japon attendre le XVIIème siècle pour voir arriver sur ses côtes cette méthode de préparation. Après un siècle d'imitation du savoir faire chinois, Nagatani Soen avec une poignée de fermier de Uji créèrent le sencha, en améliorant les principes d'étuvage du thé pour obtenir une infusion des parfums quasi-instantanée. Ce sont ces principes qui sont, bien que mécanisés, encore appliqués aujourd'hui pour fabriquer les sencha japonais actuels.
Le sencha, après cueillette, est soumis à un étuvage, c'est à dire à une destruction de l'enzyme oxydase par chauffage à la vapeur. Puis le thé est roulé, malaxé et séché. Cette récolte est issue de la plus grande province productrice, Shizuoka, et a été effectuée la 88ème nuit après le début du printemps (qui au Japon commence fin février).
Pour infuser ce thé, j'utilise une théière à gyokuro (hohin) en porcelaine qui n'étouffera pas les parfums, puis je filtre les petits résidus de feuilles, et je verse dans la tasse. 5g, 1min d'infusion à 70°C.

 




 


Les parfums typiquement végétaux d'herbe fraîche coupée, de feuilles broyées, sont présentes dès les premières effluves s'échappant de la tasse. Puis ces parfums viennent en bouche discrètement accompagnés d'une pointe acidulée d'asperge ou d'huître, et puis... plus rien. M'aurait-on menti ? Me serais-je fait avoir ? Au moment où l'interrogation laisse place à la déception, un arrière-goût sucré aux parfums de pêche et d'abricot vient balayer comme un ouragan toute suspicion possible, laissant une finale en bouche d'une longueur conséquente, comme un panier de fruits estivaux.

 

 

Ce sencha, c'est un peu comme si on recevait un petit cadeau un peu décevant juste avant de recevoir le gros cadeau qu'on espérait plus. Un genre de deuxième effet kiss cool, en somme.

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